3.8.08

Superdome au Palais de Tokyo - l'expo Waouh

Il y avait longtemps que je n'avais pas été aussi touché, emballé, retourné, surpris... par une expo. L'expo Superdome (jusqu'au 24 août au Palais de Tokyo) est juste canon.
Je retiens particulièrement l'expérience extrême vécue dans l'installation Dump de Christoph Büchel.



Non ce n'est pas un décharge publique, c'est une oeuvre d'art. C'est dans un musée, c'est gardé par un gardien, de la vraie poussière jonche le sol et la montagne de détritus est réellement saississante.

Pour vivre cette expérience inattendue, il faut s’inscrire, attendre, s’armer de patience (j'ai eu du bol, un inscrit n'est pas venu au moment où j'arrivais), signer une décharge (bien nommée !), se coiffer d’un casque avant de pouvoir pénétrer dans l’installation par un tuyau qui ne mesure pas plus d'un mètre de diamètre mais est long d'au moins 20 mètres.

On pénètre donc, deux à la fois seulement, par un boyau qui s’enfonce sous la masse des ordures qui obstruent tout l’arrière du Palais et, accueilli par un pompier-guide, on passe 20 ou 30 minutes dans un labyrinthe de 400 m2 au plafond bas, où on se cogne sans cesse, allant de pièce en pièce.

On passe d’un taudis clandestin à une sweatshop, d’un atelier de mécanique à un foyer pour immigrés. On voit au passage un autel de prière, une salle de classe coranique, des ateliers de fabrication de faux Coca, de récupération de mégots, de reliure de livres en lambeaux ou de remplissage de cartouches d’encre avec des seringues. Le tout au milieu de vêtements, de matelas, de bouteilles en plastique, de bidons récupérés. Tout au bout, une salle de banquet, mi banquet d’Europe de l’Est, mi patronage suisse.



On ressort en nage, épuisé, émerveillé. Tout autant que le discours, ou que la prouesse technique de construction, c’est la capacité à faire vivre au spectateur une expérience, à l’engager dans l’oeuvre qui m’a fortement remué.

3 commentaires:

C a dit…

Assez incroyable ce Christoph Büchel en effet. Il fait partie des nominés pour le Hugo Boss Prize 2008 / http://www.hugoboss-prize.com

denis_m a dit…

J'aime quand l'art contemporain nous rapproche à ce point du réel et ne se contente pas d'une paraphrase habituelle, genre "je détourne, voyez comme c'est beau..." l'implication du spectateur dans une univers bien réel devient indispensable dans un univers de media omniprésent et qui dématérialise tout. Merci du témoignage, j'y cours !

Anonyme a dit…

Pas eu le temps d'y rentrer, merci de nous montrer l'intérieur ! Comment ça, il n'y avait pas de monsieur noir pour vous dire "Ah, no photos pliz" ?